À l’heure où l’agglomération de Cergy-Pontoise envisage de réduire la limitation de vitesse sur l’A15, sur un tronçon de neuf kilomètres, l’objectif annoncé est clair : améliorer la fluidité de la circulation et réduire les embouteillages qui y sont chroniques. Toutefois, les faits démontrent que l’abaissement de 110 km/h à 90 km/h n’a eu aucun impact notable sur la situation. Au contraire, les bouchons semblent s’aggraver, pour plusieurs raisons.
Les causes structurelles des embouteillages
Un développement économique générateur de trafic
De grandes entreprises se sont récemment installées dans la région, contribuant à un flux accru de véhicules.
Parmi elles : Amazon à Osny, Dassault Aviation à Cergy, ou encore Louis Vuitton et Renault DLPA à Puiseux-Pontoise.
Ces implantations intensifient à la fois le trafic des employés et celui lié au transport de marchandises, augmentant la pression sur les infrastructures locales.
Une croissance démographique soutenue
La population de l’agglomération a fortement augmenté, passant de 204 200 habitants en 2015 à 214 400 en 2021.
Cette croissance s’observe également dans les zones desservies par l’A15 et la N14, comme Gisors, Chaumont-en-Vexin, et l’ensemble des villages du Vexin, qui connaissent une expansion constante.
Des infrastructures locales saturées
L’Oise joue également un rôle majeur dans la congestion.
Avec seulement deux ponts principaux reliant Méry-sur-Oise à Auvers-sur-Oise, et Pontoise à Saint-Ouen-l’Aumône, ces passages sont saturés aux heures de pointe.
Cela pousse une partie du trafic à se reporter sur l’A15, aggravant les embouteillages.
Des infrastructures dépassées sur l’A15
Les voies d’insertion et la configuration actuelle de l’A15 datent d’une époque où le trafic était bien moins dense. Cette inadéquation est aujourd’hui flagrante :
Sens Paris → Province : Après la sortie 10 (Pontoise – Centre hospitalier), l’autoroute passe de quatre voies à deux, provoquant des ralentissements.
La situation se détériore avec deux entrées à fort trafic : celle de Cergy-Préfecture et celle de la D915. Ces voies d’insertion courtes et mal conçues compliquent l’intégration des véhicules sur un axe déjà saturé. La circulation redevient fluide une fois ces deux voies d’insertion franchies.
Sens Province → Paris : L’entrée d’autoroute de Cergy-Saint-Christophe et Osny engendre des ralentissements majeurs, en raison du volume de véhicules cherchant à rejoindre l’A15.
Plus loin, la sortie Pontoise-Hôpital, régulée par un feu tricolore mal optimisé, crée des bouchons qui s’étendent jusqu’à l’autoroute.
Des solutions techniques déjà éprouvées
Réduire la vitesse à 90 km/h ne résoudra pas ces problèmes structurels.
À l’inverse, des solutions techniques, inspirées de celles mises en œuvre avec succès sur d’autres axes, comme l’A1, semblent plus adaptées.
Paris -> Province : Fusionner les voies d’insertion de Cergy-Préfecture et de la D915 vers la province et allonger ces voies pour permettre aux véhicules d’atteindre une vitesse adéquate avant de s’insérer sur l’autoroute.
Province -> Paris : Prolonger la voie d’insertion à l’entrée de Cergy-Saint-Christophe, Osny, afin que les véhicules rejoignent l’A15 sans freiner le trafic principal, optimiser la gestion des feux tricolores à la sortie Pontoise-Hôpital grâce à l’intelligence artificielle, capable de s’adapter en temps réel aux fluctuations du trafic.
Les embouteillages sur l’A15 sont le résultat de problèmes structurels liés à la saturation des infrastructures locales et au développement économique et démographique de l’agglomération mais aussi des villages du Vexin.
Réduire la limitation de vitesse peut sembler une solution simple, mais elle est inefficace face à la complexité de la situation.
Seules des améliorations techniques ciblées, adaptées aux défis actuels, permettront de désengorger durablement cet axe majeur.